Saviez-vous qu’historiquement il n’y avait pas que des vins du Médoc rouges, mais aussi des blancs ? La production de vins blancs dans cette appellation symboliquement « rouge » est connue depuis le début du XVIIIe siècle, cependant son volume n’était pas constant.
Les sols graveleux remontés à la surface par les Hollandais, qui drainèrent les marais du Médoc pour faciliter le commerce maritime dans l’estuaire de la Gironde, conviennent mieux aux cépages rouges tardifs comme le Cabernet Sauvignon, et la région est progressivement devenue synonyme de vins rouges charpentés et tanniques, de longue garde.
En 1936, les appellations d’origine protégées (AOC) Médoc et Haut-Médoc sont officiellement enregistrées, mais uniquement pour les vins rouges. Les fameux vins blancs du Médoc n’étaient pas pris en compte par le cahier des charges. Les vignerons des petites appellations continuent à produire des vins blancs sous leur propre appellation, mais en 1960 l’INAO l’interdit, obligeant les vignerons à indiquer « Bordeaux Blanc » sur les étiquettes.
Ainsi, de 17 000 hectolitres en 1930, la production de vins blancs du Médoc est tombée à 1 800 hectolitres en 1969. Aujourd’hui, grâce à la demande croissante en vins blancs et à la volonté des vignerons de mettre en valeur le potentiel du terroir médocain pour la viticulture des cépages blancs, la production de vins blancs de la région (mais sous la même appellation « Bordeaux Blanc ») est passée à 9500 hectolitres, soit atteint jusqu’à 50% de son volume historique.
L’élaboration d’un cahier des charges de l’appellation Médoc Blanc, destiné à formaliser sa singularité, a débuté en 2018. En 2023, il a été soumis à l’étude et accepté par l’INAO le 6 février 2025. Actuellement, il est au stade de la confirmation officielle par l’État avec une éventuelle contestation, qui durera 2 mois. Si le cahier des charges est finalisé, la récolte 2025 servira déjà à produire des vins portant l’étiquette « Médoc Blanc » qui arriveront sur le marché en 2026.
Qu’est-ce qui distinguera le « Médoc Blanc » du « Bordeaux Blanc » ?
- Les raisins des vins portant l’appellation « Médoc Blanc » peuvent être cultivés dans tout le Médoc, y compris dans les prestigieuses appellations communales, contrairement au « Bordeaux Blanc », pour lequel les raisins peuvent provenir de n’importe quelle appellation de la plus vaste région Bordelaise.
- Au minimum 30 % de l’assemblage du Médoc Blanc doit être vieilli en fûts, tandis que pour le Bordeaux Blanc c’est une option.
Quant aux cépages autorisés pour le « Médoc Blanc », ce sont les vins blancs classiques de Bordeaux : Sauvignon Blanc, Sémillon, Sauvignon Gris et Muscadelle. De plus, les VIFA (Variétés d’Intérêt à Fin d’adaptation) sont autorisées : Viognier, Alvarinho, Liliorila, Sauvignac, Floréal et Souvigner gris (ces deux derniers sont résistants aux maladies). Les Chardonnay, Chenin Blanc et Manseng initialement proposés n’ont pas été retenus dans le cahier des charges.
Même si les premiers vins de l’appellation Médoc Blanc ne seront dégustés que l’année prochaine, leur profil organoleptique attendu peut déjà être décrit, car 89 vignerons élaborent des cuvées à partir de raisins blancs cultivés sur les terres du Médoc aux caractéristiques uniques. Ainsi, les Médocs blancs sont :
- des vins au bouquet mêlant arômes d’agrumes, notes de fruits à noyau et de fruits tropicaux, nuances florales et élevage en barrique
- texture ronde mais élégante grâce au bâtonnage
- des nuances minérales, voire salées, selon les terroirs
Reste à attendre que cette typicité soit soulignée par le nom approprié.