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Un petit département de Domme est situé dans la pittoresque région de la Dordogne, sur le territoire historique du Périgord Noir. Cette partie du Périgord (il y a aussi le Périgord Blanc, le Périgord Vert et le Périgord Violet) est bien plus réputée pour les truffes noires que pour le vin, bien qu’on y trouve aussi des vignes. Par ailleurs, le département plus large de la Dordogne, qui comprend le Périgord historique, produit des vins rouges, blancs secs et doux de qualité (appellations Bergerac, Pécharmant, Montravel, Montbazillac), qui pourraient même rivaliser avec les vins de Bordeaux, puisqu’ils sont produits à partir de mêmes cépages. Mais les rusés négociants bordelais, les seuls à avoir accès au marché international grâce à l’estuaire de la Gironde qui se jette dans l’océan Atlantique, ont imposé d’énormes taxes sur tous les vins de la région, qui ne provenaient pas de Bordeaux même. Cela a rendu pratiquement impossible leur commercialisation à l’étranger à cause des prix astronomiques. Mais c’est toute une autre histoire.
Un peu d’histoire
À son apogée, on ne peut pas dire que le vignoble du Domme était étendu – il comptait environ 2 700 hectares, soit à peu près cinq fois moins que la superficie actuelle de Bordeaux. Mais les cataclysmes qui se succédèrent depuis la fin du XIXème siècle (épidémie de phylloxéra qui ravagea les vignobles européens, Première et Seconde Guerres mondiales) contribuèrent à sa désolation et à sa disparition. En 1960, il ne restait que 540 hectares sur 2 700 hectares, et en 1985, seulement 90 hectares.
Le vignoble de Domme doit son renouveau aux habitants et aux autorités du département, qui aiment et valorisent leur terroir. L’idée de relancer la viticulture est apparue dans les années 1980, et après de longues démarches administratives et déclarations nécessaires, en 1994, les premiers 0,5 hectares de vignes ont été plantés et les infrastructures nécessaires à la production de vin ont été construites. La première récolte a eu lieu en 1996, et en 1998 une coopérative de vignerons a été créée, qui est allée encore plus loin et a converti en 2018 la moitié de la superficie du vignoble en viticulture biologique.
17 vignerons ont été à l’origine de la renaissance du vignoble local et, grâce à ses efforts et ses investissements, ils ont construit une infrastructure moderne pour la production et l’élevage du vin. Aujourd’hui, 25 ans après sa création, avec un demi-hectare de vignes expérimentales, la coopérative compte 11 adhérents et 18 hectares de vignes, et produit des vins appréciés par les juges des concours de vins.
Terroir et cépages
Le terroir de l’IGP Vin de Domme (un des plus petits vignobles de France possédant sa propre indication géographique protégée) est :
- Sols majoritairement argilo-calcaires, adaptés aux cépages bordelais
- plateaux calcaires
- bonne exposition des vignes au soleil
- altitude de 100 à 250 mètres au-dessus du niveau de la mer
- une certaine influence océanique qui atteint le Périgord depuis l’Atlantique
- influence de la rivière Dordogne, qui permet de modérer la continentalité du climat local
Ces deux dernières caractéristiques sont celles du vignoble IGP Vin de Domme, grâce auxquelles les raisins atteignent une meilleure maturité phénolique et acquièrent une structure tannique assez ferme. Les cépages blancs sont plantés sur des sols calcaires, leur apportant fraîcheur, acidité et une légère minéralité.
Dégustation : Vin de Domme 2014. Périgord Noir. Les vignerons des coteaux de Céou
Couleur :intensité moyenne, rubis avec des nuances grenat distinctes.
Nez: éclatant, avec une agréable jutosité fruitée aux nuances primaires encore ressenties (cerise rouge fraîche, groseille, fraise, framboise), bouquet floral (rose, violette, fleurs sauvages), herbes (menthe fraîche), nuances épicées d’élevage en fût (réglisse, clou de girofle, cumin) et des nuances tertiaires prononcées mais s’intégrant harmonieusement au bouquet (de baies séchées, de sous-bois et de menthe séchée).
Bouche: Vin accessible et plaisant, avec une attaque fruitée (cerise rouge, groseille, myrtille, cerise noire) et des notes épicées en fond. On y retrouve également une pointe de café, de sous-bois et d’épices douces. Les tanins sont fins, ronds et à peine perceptibles, mais l’acidité est assez élevée. Corps moyen (-) et la finale est assez longue.
Impression générale et évaluation de la qualité : un bon vin qui a récemment dépassé son apogée de développement (l’étiquette indique 8 à 10 ans de vieillissement). Dans le bouquet, on perçoit encore des notes de fruits frais, qui se transforment progressivement en baies séchées, mais des nuances tertiaires de développement apparaissent déjà, les tanins se sont presque complètement fondus et l’acidité commence à dominer un peu. C’était un vin à ne plus garder.
Accords mets et vin : un classique du sud-ouest de la France convient – un steak de filet de bœuf ou un magret de canard de haute qualité, car le vin a encore une bonne structure tannique et avec une garniture de cèpes sautés ou de purée d’huile de truffe, etc. afin de les associer avec les notes tertiaires de champignons dans le bouquet du vin.
