Recommandé pour une visite !
Êtes-vous un connaisseur de vin et appréciez cette boisson ? Ou un sommelier professionnel dont il est difficile de surprendre ? Ou peut-être habitez-vous près de Bordeaux ?
Dans tous les cas, le musée du vin de La Cité du Vin à Bordeaux est un lieu qu’il faut visiter plus d’une fois. Il est conseillé de visiter au moins deux son exposition permanente Le Parcours Permanent si vous souhaitez vraiment tout voir. Mais le musée organise aussi :
- des dégustations mensuelles de vins du monde ;
- des dégustations hebdomadaires de vins de Bordeaux ;
- des séminaires et conférences sérieux sur le thème de la consommation d’alcool et du changement climatique.
Et aussi rencontrer des personnalités célèbres du monde du vin et assister à de nombreux autres événements.
Et chaque semestre, en plus de l’exposition permanente, une autre exposition temporaire est organisée. Il est dédié à des diférentes régions viticoles (les deux dernières étaient les régions de Géorgie et de la vallée du Douro, et en 2019 l’exposition était consacrée à l’Argentine), aux cépages qui y sont cultivés, aux leurs viticulture et vinification, ainsi qu’à la culture d’une pays.
Mes impressions
Mon adhésion annuelle comprend l’entrée illimitée aux expositions permanentes et temporaires. Mais comme on peut étudier le vin tout au long de sa vie et toujours découvrir quelque chose de nouveau, j’ai décidé d’aller au-delà du programme diplômant du WSET et de me diriger vers des régions d’Argentine qui n’avaient pas été explorées en cours.
Comme toutes les installations du musée, cette exposition temporaire a été très instructive. Un grand nombre d’illustrations et de maquettes du climat, du paysage, des sols, des cépages, des cartes des régions viticoles, mais aussi de la gastronomie et des costumes locaux !
Ici, vous pourrez même vous familiariser avec les arômes caractéristiques du Malbec, un cépage devenu symbole du vin argentin.
Un fait historique curieux. J’ai découvert que c’est grâce à Aliénor d’Aquitaine, reine de France et d’Angleterre, que le Malbec a été amené en Angleterre, et ensuite en Argentine. Ce cépage a ainsi échappé à l’extinction lorsque l’épidémie de phylloxéra a dévasté le vignoble de sa patrie, Cahors. C’est depuis l’Angleterre que le Malbec atteint l’Argentine, où il survit à l’épidémie et trouve sa seconde patrie.
Désolé, Malbec ! Une autre fois…
Au départ, j’avais l’intention de consolider la théorie avec la pratique et de me rappeler le profile du Malbec argentin lors d’une dégustation après la visite de l’exposition. Cependant, parmi tous les vins proposés dans le bar panoramique la Belvédère au 8ème étage de l’immeuble, accessible sur ticket ou par abonnement, j’étais plus intéressé à découvrir le vin de l’État de Washington, de la région Red Mountain AVA. Nous laisserons donc le Malbec argentin pour la prochaine fois ; nous y reviendrons certainement.
Quelques mots sur Red Mountain AVA
Red Mountain AVA (American Viticultural Area) est une petite région d’une superficie de 1635 hectares, faisant partie de la plus grande vallée de Yakima, qui à son tour fait partie de l’État de Washington.
Cette région est apparue relativement récemment : elle a obtenu le statut d’AVA en 2001. Le nom de la région, et de la montagne elle-même, vient d’un phénomène observable à l’automne : l’herbe qui recouvre la montagne devient rouge. Les vignobles sont plantés sur les pentes de cette montagne, au nord-est de la région, à une altitude de 400 mètres et orientés sud-ouest, vers la rivière Yakima, qui se jette dans le fleuve Columbia à proximité.
Le climat dans l’AVA de Red Mountain, ainsi que dans toute la vallée de la rivière Yakima, est continental. Des étés chauds, des hivers froids et une grande différence de température entre les mois les plus froids et les plus chauds.
Les conditions sèches et les faibles précipitations sont également une caractéristique de la vallée de Yakima et de l’ensemble de l’État de Washington, car la chaîne de montagnes des Cascades, à l’ouest de l’État, le protège de l’humidité et des pluies, limitées juste à 180-200 mm de précipitations par an.
Dans un climat aussi extrême, la rivière Yakima joue un rôle important en fournissant des conditions propices à la vinification : elle modère les températures trop élevées et trop basses et fournit l’eau d’irrigation nécessaire à cause du manque de précipitations.
Une autre caractéristique importante de l’AVA de Red Mountain et de l’État de Washington est leur latitude nord, qui permet des journées plus longues et 2 heures de soleil de plus pour les vignobles qu’au Napa Valley. Cette particularité permet aux raisins de mieux mûrir et d’acquérir une quantité de sucre suffisante, malgré sa latitude septentrionale. Dans le même temps, un vent frais d’ouest, pénétrant le long du lit de la rivière Yakima, favorise une maturation lente, la préservation de l’acidité et l’accumulation de composants aromatiques dans les baies.
Les sols de l’AVA de Red Mountain se sont formés au cours de la dernière période glaciaire, à la suite des inondations de Missoula il y a 13 à 15 000 ans. Les cours d’eau qui parcouraient la montagne emportaient avec eux diverses roches et, grâce à leurs dépôts, formaient divers sols (dans la plupart des cas, des limons à base de graviers ou de basalte).
Les vignes sont généralement plantées sur des sols limoneux et graveleux, à forte teneur en calcaire. Ces sols sont particulièrement adaptés à la viticulture : ils assurent un bon drainage (et sont 60 % plus secs que les autres sols de l’État de Washington). Cela réduit le volume de récolte et oblige la vigne à développer un système racinaire profond capable d’atteindre l’eau et d’extraire aussi les minéraux en des profondeur. Ainsi, les vignes forment des petites baies, mais deviennent plus riches et accumulent plus de composants aromatiques. Et les vins issus de ces raisins sont corsés et puissants.
L’AVA Red Mountain est connue pour son Cabernet Sauvignon, mais le Merlot, Syrah, Malbec, Cabernet Franc et Petit Verdot réussissent également ici.
Lors de l’exposition, Red Mountain AVA a présenté…
Le vin Hedges Family Estate sélectionné par le Musée du Vin est un assemblage complexe dominé par le Cabernet Sauvignon (58%), complété par le Merlot (25%), la Syrah (15%), le Petit Verdot (1%), le Cabernet Franc (0,5%) et Malbec (0,5 %).
Les raisins de ce vin ont été récoltés dans différentes zones appartenant au même domaine : avec différents degrés de pente (0-5%) et des sols de limon et de sable dans des proportions différentes. Le vin a également été élevé en fûts de chêne américain et français (40 % des fûts étaient neufs) pendant 20 mois.
Le résultat d’un assemblage aussi (voir trop) complexe s’est avéré assez intriguant.
Dégustation
Le vin est de couleur rubis foncé, assez aromatique, avec des notes fraîches de cerises noires et de prunes fraîches et une légère touche de ces mêmes fruits, mais séchés.
Un long vieillissement en fûts de chêne (dont certains étaient du chêne américain, connu pour l’arôme intense d’épices qu’il confère au vin) a eu un effet assez considerable sur le bouquet. On y retrouve des notes de clou de girofle, de réglisse et de vanille, mêlées à un léger arôme de poivre noir, caractéristique de certains cépages inclus dans l’assemblage.
Même complexité et concentration en bouche : vin corsé et intensité des saveurs au-dessus de la moyenne, alcool légèrement au-dessus de la moyenne et tanins à la texture ronde et veloutée.
Pour un vin aussi chaleureux, une acidité élevée suffit à maintenir l’équilibre. Le vin est de très bonne qualité, ouvert, dense, mais équilibré par sa fraîcheur. Mais, à mon avis, il lui manquait encore les notes subtiles d’herbes fraîches et de fleurs qui lui auraient ajouté de l’élégance.
