Ce Barolo est l’un des vins de ma collection qui demande de la patience, qui sera certainement récompensée si vous dégusterez de telles boissons au meilleur moment, au sommet de leur développement. Cette bouteille attirait mon attention depuis très longtemps, mais connaissant les caractéristiques du Barolo et son potentiel de garde, j’ai décidé d’attendre au moins son quinzième anniversaire. Il serait dommage d’ouvrir un tel vin avant qu’il ne soit complètement développé son potentiel. La récompense de la patience fut un vin unique, harmonieux, doté d’une structure solide et d’un bouquet évolué, mais pas fané.
Le Nebbiolo est le seul cépage autorisé pour Barolo
Le Nebbiolo est une variété ancienne, connue depuis le XIIIe siècle, selon les archives de la ville de Turin, sous le nom de Nibiol, et était la variété la plus répandue dans le Piémont. L’une des versions les plus courantes de l’origine du nom « nebbiolo » est que c’est un dérivé du mot italien »nebbia », qui veut dire « brouillard », en référence au brouillard d’automne qui recouvre les collines du Piémont lors de la récolte du Nebbiolo. Selon une autre version, la « nebbia » n’est pas du brouillard, mais une couche blanchâtre recouvrant la peau des baies mûres.
Au cours des siècles d’existence du Nebbiolo, plusieurs mutations et clones du cépage sont apparus :
- Nibbiolo Lampia – le plus courant
- Le Nebbiolo Michet est une forme du cépage précédent, formé à la suite d’une infection par la maladie de court-noué de la vigne
- Nebbiolo Rosé – Nebbiolo rose, qui est aujourd’hui considéré non pas comme un clone du Nebbiolo, mais comme une variété indépendante
- Nebbiolo Bollo : une variété autrefois commune, mais aujourd’hui rare
Le Nebbiolo a un cycle végétatif long : son débourrement arrive tôt, mais les raisins mûrissent assez tard. De plus, le cépage est assez exigeant pour la composition de sols et préfère un mélange de marnes et de sol calcaires, qui se trouvent surtout au nord et au sud d’Alba et sur la rive droite du fleuve piémontais Tanaro (ce qui s’applique uniquement aux territoires de Barbaresco et de Barolo, célèbres pour leur qualité de leurs vins Nebbiolo). Comme le Pinot Noir, le Nebbiolo exprime le terroir d’une manière extraordinaire, est capable de produire des vins complexes, avec une large palette d’arômes, une acidité élevée et des tanins puissants. Voici juste quelques-uns des arômes qui caractérisent les vins du Nebbiolo : résine, rose, violette, feuilles humides, réglisse, cerise séchée…
Terroir de Barolo
L’appellation est située dans la partie sud-est du Piémont, au pied des Alpes. La majeure partie est constituée de collines abruptes et de pentes orientées vers le sud. Les sols ici présentent principalement un mélange de marnes et de couches calcaires d’origine marine, riches en magnésium et manganèse ou en fer selon les sites. C’est ici, entouré des Alpes et des Apennins, sous le soleil et sur des sols si particuliers, que le Nebbiolo mûrit suffisamment et s’exprime le mieux dans des vins qui ne seront pas mis en marché que cinq ans après la récolte (selon le cahier de charges de l’appellation), et demanderont au moins deux fois plus de patience par la suite.
Dégustation : Bovio 2006 – Barolo
Le domaine Bovio produit d’élégants Barolos selon des méthodes traditionnelles, dans un style classique. Travail minutieux et attentif dans les vignes, sélection de parcelles produisant des vins aux caractéristiques différentes, une longue macération, vieillissement en grands fûts de chêne, « botti », et maturation ultérieure en cuves en béton – le Nebbiolo de Bovio est un exemple à la fois de Barolo classique et est capable de révéler l’individualité de chaque Cru de Barolo.
Couleur : grenat, d’une intensité moyenne
Nez : Expressif, légèrement confituré, avec de délicates notes de baies séchées (cerise noire séchée, framboise séchée, canneberge séchée, fraise séchée, confiture de fraises), d’olive noire et de thym séché. Le vin s’ouvre progressivement dans le verre, acquérant des nuances minérales (graphite), résineuses et épicées (girofle, cumin), puis florales (bleuets séchés, violette, rose séchée), de café, d’amande amère, de noyau de cerise, d’herbes séchées et fraîches (romarin, basilic séché, menthe poivrée fraîche et séchée), cacao et baies noires séchées (cassis, mûres et myrtilles). Les notes tertiaires caractéristiques (cèpes séchés et truffes) sont perceptibles, mais agréables et délicates.
Bouche : Tout d’abord, on retrouve le tannins puissants, mais veloutés, « polis » par le temps, et une forte acidité, caractéristiques pour Nebbiolo. Le bouquet s’ouvre avec des notes herbacées de menthe poivrée séchée et fraîche, de basilic et de romarin, complétées par une acidité fruitée de framboise séchée, de cerise noire, de cerise fraîche, de groseille noire et rouges, ainsi qu’une note minérale de graphite, des notes tertiaires de truffe blanche, résine et rose séchée. La fin de bouche est longue, avec un bouquet complexe, qui se développe sur la persistance.
Impression générale et évaluation de la qualité : un merveilleux Barolo au sommet de son développement, qui a conservé les caractéristiques de la jeunesse, acquis de délicates nuances de maturité et une structure tannique élégante.
Avec quoi associer : La truffe blanche fraîche est un classique, mais le vin est excellent à boire seul, ce qui est même mieux pour l’apprécier pleinement.
