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Rouge, blanc, rose, orange, c’est la palette de couleurs bien connue du vin, à laquelle une couleur bleue assez étrange a été « ajoutée » il y a relativement longtemps (la boisson est apparue sur le marché français en 2018). Pourquoi est-ce que j’écris « ajouté » entre guillemets ? Parce que cette couleur, non naturelle pour presque tous les produits alimentaires, ne peut être obtenue par le processus de production de vin strictement réglementé et, par conséquent, un tel produit ne peut pas être appelé « vin ». De plus, l’expérimentation de la production et de la commercialisation d’une boisson bleue sur le marché du vin est restée dans la catégorie des expérimentations et n’est pas devenue une catégorie de vin à part entière. Les boissons alcoolisées avec une jolie couleur piscine sont tout à fait disponibles en Europe et, étant curieuse, j’en ai finalement goûté une. Voici le résultat.
Tout d’abord, un petit rappel historique. En fait, le « vin bleu » n’est pas un phénomène si récent. C’était le nom d’un vin bon marché et de mauvaise qualité qui était servi dans les bistrots, cabarets, bars et autres établissements parisiens similaires. Cette boisson était produite à partir de raisins cultivés près de Paris (je pense qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer que la qualité de la récolte dans le climat local laissait beaucoup à désirer) et avait une couleur violet pâle avec une teinte bleutée. Mais le phénomène récent dont je vais parler dans cet article remonte au 21ème siècle. En 2018, un vin bleu azur inhabituel, le Vindigo, produit en Andalousie espagnole et fourni au marché français par un distributeur de la petite ville de Sète, a été mis en vente en France. De toute évidence, la nouvelle invention d’une couleur inhabituelle pour presque tous les produits comestibles a provoqué une réaction mitigée dans le monde du vin, malgré la possible volonté des producteurs de « repenser » l’idée du vin et d’attirer l’intérêt décroissant des consommateurs pour ce produit. Cependant, le vin bleu a suscité plus de confusion et de questions que d’enthousiasme de la part des consommateurs, surtout si l’on considère son prix plutôt élevé – de 10 à 18 euros (selon le distributeur).
Selon le fabricant, ce procédé est totalement naturel et n’implique l’utilisation d’aucun colorant artificiel. D’après le producteur, le vin issu du cépage Chardonnay blanc acquiert sa couleur bleue à la suite d’une macération sur la peau de raisins noirs, en obtenant des anthocyanes – composantes qui donnent sa couleur au vin rouge. Pourquoi acquièrent-ils une teinte azur ? Tout dépend du niveau de pH. Dans l’environnement acide du vin rouge, il est de 3 à 4, c’est pourquoi les anthocyanes sont rouges. Ils deviennent bleus dans un environnement alcalin, où le pH est supérieur à 7. Mais plus l’acidité du vin est faible, plus il est instable et plus il est sensible aux micro-organismes, car une acidité élevée est un environnement défavorable aux bactéries. Autrement dit, fournir aux consommateurs du vin potentiellement dangereux (ou, au minimum, qui pourrait rapidement devenir impropre à la consommation) n’est pas une bonne décision au point de vue commercial. Réponse : colorant bleu E133. Mais bien entendu, le producteur nie la présence de colorants artificiels. Dans ce cas, si l’on suppose que les anthocyanes, capables d’acquérir une couleur bleue dans un environnement acide, ont été isolées d’une manière ou d’une autre des raisins rouges, alors elles peuvent être obtenues à partir de la pulpe (la partie solide du raisin qui reste après fermentation et pressurage), et en très petites quantités. Cela soulève un autre problème : la législation européenne interdit d’appeler « vin » une boisson produite en utilisant l’ajout de pulpe de raisin rouge au vin blanc. Ainsi que les anthocyanes « bleues » isolées en laboratoire, même si elles sont aussi un dérivé du raisin, comme le vin lui-même. Mais le terme « vin » apparaît toujours sur l’étiquette.
Cela laisse deux possibilités :
La première option a plusieurs problèmes :
La première option peut donc être rejetée. Dans le second cas, soit une réponse du fabricant, soit une analyse du vin en laboratoire est requise. Sans surprise, ni le fabricant ni le distributeur n’ont répondu à toutes les tentatives des journalistes pour obtenir une réponse à cette question. Bien entendu, des études en laboratoire ont été menées et le colorant était encore présent dans les vins bleus de certains producteurs. Conclusion : Le vin bleu ne peut légalement être appelé « vin », qu’il ait reçu sa couleur à l’aide du colorant E133 (couleur bleu vif), ou à l’aide d’anthocyanes, isolées de la pulpe et capables de conserver une couleur bleue en milieu acide. Le « vin bleu » est donc du vin blanc, qu’il faudrait appeler une « boisson à base de vin ».
Ses qualités organoleptiques valent-elles leur prix ? Une fois, on peut satisfaire la curiosité, mais étant donné que techniquement il s’agit d’un vin blanc coloré de Chardonnay… pour cette somme là, on peut trouver du vrai vin, et meilleur.
Couleur : bleu clair, azur Nez : discret, mais se révèle après aération dans un agréable bouquet sucré de fruits à noyau (abricot, pêche blanche), de fruits tropicaux (ananas, fruit de la passion, litchi), avec une pointe de rose à peine perceptible. Bouche : Texture ronde et douce, avec les mêmes notes d’ananas, de pêche blanche, de nectarine, de fruit de la passion, une pointe de melon, d’orange fraîche, une pointe de rose et de fleur d’oranger en finale d’une persistance moyenne. L’acidité est souple, mais assez équilibrée avec le profil du vin. Impression générale et la qualité du vin : vin léger, simple et facile à boire, principalement fruité. L’acidité est moyenne, voire légèrement inférieure à la moyenne, ce qui rend le vin un peu plat, mais néanmoins agréable. C’est intéressant de l’essayer une fois.
Sources: https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/vin-naturellement-bleu-venu-d-espagne-un-probleme-de-chimie-et-d-oenologie_126467 https://www.afis.org/Du-vin-bleu https://www.lecoindesepicuriens.com/blogs/infos/le-vin-bleu-est-il-un-vrai-vin https://www.ladepeche.fr/article/2018/07/31/2844398-cet-etrange-vin-bleu-qui-debarque-en-france.html