Vin géorgien rouge Saperavi et un peu sur la Kakhétie

Contenu:

  1. Le lieu de naissance des Saperavi est Kakhétie
  2. Description du sol
  3. Cépages de Kakhétie
  4. Caractéristiques et évaluation du vin Saperavi
  5. Évaluation selon le principe BLICE

La région historique de Kakhétie est peut-être la région viticole la plus célèbre et la plus importante de Géorgie : environ 70 % de la superficie totale du vignoble est située à Kakhétie et le volume de production représente environ 80 % de tout le vin de Géorgie. Kakhétie occupe 11 300 km² (et la superficie du vignoble se mesure en dizaines de milliers d’hectares) et est géographiquement située au sud-est du pays, au nord-est elle est limitrophe de la Russie (dont elle est séparée par la chaîne du Caucase), à l’ouest – avec la région de Kartli (et aussi avec une frontière naturelle longeant les chaînes de montagnes), et au sud – avec l’Azerbaïdjan.
Du sud-ouest au nord-est de la Kakhétie passe la crête Tsivi-Gombori, qui la divise en Kakhétie extérieure et intérieure. La Kakhétie intérieure est une pente douce descendant dans la vallée d’Alazani – la plus grande vallée de Géorgie et une source d’excellents vins. La longueur de la vallée d’Alazani est de 160 km, sa largeur varie de 5 à 40 km et son altitude varie de 200 mètres à la frontière sud-ouest avec l’Azerbaïdjan à 740 mètres sur les contreforts nord-ouest du Caucase. Les rivières de montagne ont également contribué à la formation du relief de la Kakhétie intérieure – en raison de l’érosion constante, les pentes des montagnes ont des expositions différentes.
La Kakhétie extérieure est située sur une colline, dans la vallée de la rivière Iori, la principale voie navigable de Géorgie.

Caractéristiques climatiques de Kakhétie

En général, le climat de Kakhétie est tempéré et ses endroits les plus chauds sont subtropicaux, avec des étés et des hivers chauds (les températures annuelles totales varient de 3 800 à 4 000 °C, ce qui correspond approximativement à celles du sud de la France). La saison de croissance dure environ 210 jours avec une température moyenne de 18,5 °C.
Kakhétie est située la plus éloignée de la mer Noire et est donc la moins sensible à son influence : la température moyenne et les précipitations (400-800 mm) y sont inférieures à celles de l’ouest du pays. De plus, en raison de la proximité des montagnes du Caucase, les masses d’air froid qui en descendent réduisent encore la température et l’humidité relative de l’air. Cet effet est particulièrement ressenti dans les microzones des contreforts des montagnes du Caucase.
La Kakhétie est située dans le cours supérieur des rivières Ioni et Alazani, qui, avec leurs affluents, atténuent la différence entre les températures diurnes et nocturnes et augmentent légèrement l’humidité de l’air ambiant.
Il est donc difficile de choisir une définition du climat de Kakhétie. Il s’agit plutôt d’une mosaïque de macroclimats, dont chacun définit l’une des 14 microzones, et est également responsable du caractère unique de leurs vins. Par exemple, la légendaire vallée d’Alazani, dont je parlerai un peu plus loin, comprend plusieurs microzones : Kindzmarauli, Tsinandali, Gurjaani et Akhasheni. La liste complète des microzones de Kakhétie produisant des vins aux noms géographiques protégés est la suivante : Akhasheni, Vazisubani, Gurjaani, Kardenakhi, Kvareli, Kindzmarauli, Kotekhi, Manavi, Mukuzani, Napareuli, Teliani, Tibaani, Tsinandali et Kakheti. Je m’attarderai également sur certains d’entre eux plus en détail un peu plus loin.
Et, en fin de compte, les caractéristiques du macroclimat dans les différentes microzones sont influencées par la localisation et l’orientation des pentes sur lesquelles les vignobles sont plantés. Les vignobles de Tsinandali, par exemple, sont orientés vers le nord, ce qui se traduit par des températures diurnes légèrement plus basses et de généreuses heures d’ensoleillement et de chaleur. Cette position permet aux cépages blancs de conserver un bon niveau d’acidité pendant la maturation et de ne pas accumuler trop de sucre, qui lors de la fermentation se transformerait en un taux d’alcool trop élevé pour un vin blanc. Autrement dit, pour les cépages blancs, on préfère les endroits plus frais afin de ne pas obtenir de vin blanc sec trop lourd et pas harmonieux.
Avec toutes ces conditions favorables à la vinification, certains phénomènes naturels (grêle et fortes pluies accompagnées de vents violents au printemps et en automne, sécheresse en été et gelées très rares) menacent parfois les récoltes de l’année en cours.

Sols de Kakhétie

Les sols de Kakhétie se distinguent également par leur caractère unique. Dans la zone des contreforts, sur la rive droite de la rivière Alazani, prédominent les sols bruns de forêt et de prairie, riches en microéléments (notamment en fer, qui leur donne une teinte brunâtre) et sont des sols argileux avec des composantes sableuses et calcaires. Il existe également des sols carbonatés et humifères sur lesquels se trouvent également des vignobles de vins fins.
Sur la rive gauche de l’Alazan, les sols sont carbonatés, alluviaux, chernozems, de prairies bien adaptés à la viticulture.
Des sols alluviaux à structure limoneuse et sableuse se trouvent sur les deux rives de la rivière Alazani.
Les sols de Kakhétie ont une caractéristique importante pour produire des raisins de haute qualité : bien qu’ils soient riches en microéléments, ils contiennent peu de substances organiques nutritives, car le climat sec ne leur permet pas de s’attarder à la surface du sol et contribue à leur décomposition rapide. Pour cette raison, les vignes sont obligées de développer un système racinaire profond pour atteindre l’eau et les nutriments essentiels. Ainsi, la vigne se concentre sur la maturation des baies, ce qui a un effet bénéfique sur la qualité des raisins, et, arrivant à la source d’eau, se sature en oligo-éléments et minéraux, ce qui a un effet bénéfique sur le profil organoleptique du vin. Grâce à cette combinaison de conditions environnementales, les vins sont riches, corsés et acidulés, avec un arôme particulier de terre qui leur confère le fer contenu dans le sol.

Cépages cultivés en Kakhétie

  • Saperavi

Le cépage Saperavi peut être considéré comme un symbole de la Géorgie et est surtout connu des amateurs de vins géorgiens. Il est plus répandu non seulement à Kakhétie (d’où il vient), mais dans toute la Géorgie.
Le Saperavi est l’un des rares cépages qui possède non seulement la peau, mais aussi la chair de couleur rouge, ce qui donne aux vins de ce cépage une couleur riche et profonde. Le Saperavi est également apprécié pour sa tolérance au froid, sa relative productivité et ses niveaux de tanins et d’acidité suffisamment élevés qui permettent aux vins de Saperavi de résister à de nombreuses années de vieillissement en bouteille. Les deux dernières caractéristiques sont également valorisées dans l’assemblage Saperavi avec d’autres variétés, car ils confèrent à ce dernier une bonne structure et un bon potentiel de garde.
Saperavi est utilisé pour produire une gamme de vins de styles différents : rouges et rosés, secs ou moelleux, élaborés de manière classique avec vieillissement en qvevri ou de manière moderne – en fûts de chêne.

  • Rkatsiteli

Le cépage blanc Rkatsiteli occupe une place aussi importante en Kakhétie et dans toute la Géorgie que le Saperavi. Ce cépage résistant au gel est capable de maintenir un niveau d’acidité suffisamment élevé à des températures élevées et de produire des vins blancs secs rafraîchissants, tout en mûrissant à des niveaux de sucre élevés, permettant de transformer le Rkatsiteli en vins demi-secs. Ce cépage est même utilisé pour la production de vins fortifiés et de brandy.

Comme je l’ai déjà mentionné, la diversité des conditions de culture du raisin à Kakhétie nous permet de produire différents vins bénéficiant d’indications géographiques protégées. Les plus célèbres d’entre eux – Mukuzani, Kindzmarauli, Napareuli et Tsinandali – devraient être discutés plus en détail, ce que je ferai dans des articles séparés avec des exemples de vins et de dégustation. Ici, je vais vous parler un peu de la vallée d’Alazani, qui est parfois appelée la « Toscane de Géorgie ».
Cette région légendaire doit son nom à la pure rivière Alazani, qui coule à travers une vallée pittoresque entourée de chaînes de montagnes. La vallée d’Alazani est située à une altitude de 200 à 500 mètres et se caractérise par des conditions climatiques et des sols favorables à la viticulture, que j’ai évoqués plus haut. Cependant, contrairement aux microzones de Kindzmarauli ou de Tsinandali, la « Vallée d’Alazani » n’est pas un nom protégé pour la région viticole. De plus, la quasi-totalité du volume de ce vin est exporté ; le vin lui-même n’est pas de grande qualité.
La production de « Alazani Valley », un vin blanc demi-sec (issu du cépage Rkatsiteli) ou rouge (issu du Saperavi, auquel on ajoute parfois une petite quantité de cépages rouges Aleksandrouli ou Ojaleshi) à faible acidité, a commencé en 1977, lorsque l’industrie vitivinicole géorgienne traversait des temps difficiles qui affectaient la qualité de ce vin. De plus, dans les années 2000, une contrefaçon de « Vallée d’Alazani » est entrée sur le marché russe, ce qui a encore miné sa réputation. Après l’embargo imposé sur les vins géorgiens de 2006 à 2013, leurs technologies de production se sont améliorées, ce qui a eu un effet positif sur la qualité des vins sous la marque Alazani Valley. Aujourd’hui, sa qualité dépend du fabricant, mais on peut trouver un bon vin.

Dégustation. Zurab Tsereteli. Saperavi 2015. Kakhétie. Examen expert du vin géorgien Saperavi.

Ce vin j’ai acheté à l’aéroport de Moscou, et il pourait très bien illustrer cet article. La microzone n’était pas indiquée sur l’étiquette, ce qui suggère que les raisins peuvent provenir de différentes régions de Kakhétie. Cela ne signifie pas une mauvaise qualité d’un vin, mais son type, son profile régulier tous les ans et les objectifs du producteur de maintenir une récolte constante et non affectée par des variations climatiques, et parfois d’obtenir un bouquet complexe.

Voici mes notes de dégustation.

Couleur : rubis, d’intensité moyenne, avec de légers reflets grenat.

Nez : d’intensité moyenne, très fruité (fruits noirs : cerise noire, prune noire, myrtille, fruits rouges : prune rouge, groseille), avec une pointe épicée (poivre blanc, réglisse) et chêne (cacao).

Bouche : le vin est sec, moyennement corsé, avec une acidité supérieure à la moyenne, des tanins souples supérieurs à la moyenne, une intensité des saveurs supérieure à la moyenne (les saveurs reflètent le bouquet d’arômes : noir cerise, prune rouge, groseille, réglisse, mais les notes fruitées sont plus prononcées), le niveau d’alcool est moyen et bien intégré dans le profil aromatique global, l’arrière-goût est moyen, avec d’agréables nuances fruitées.

Impression générale et évaluation de la qualité : bon vin, avec un profil organoleptique agréable à dominante fruitée, une certaine complexité dans le bouquet (la plupart des arômes sont primaires, mais il y a aussi des arômes secondaires bien intégrés issus du vieillissement en chêne) . Les arômes sont délicats, peu prononcés, mais le vin se révèle mieux gustativement. L’attaque est douce et fruitée, le vin est facile à boire, possède une acidité rafraîchissante, des tanins agréables, s’intégrant harmonieusement au corps moyen et au degré alcoolique moyen du vin. Cependant, la finale de ce Saperavi est moyenne, ce qui, associé au corps moyen et à l’intensité généralement moyenne des arômes et des goûts, indique une concentration moyenne et la possibilité de vieillir encore 2-3 ans.

Évaluation de la qualité selon le principe BLICE :

Balance – un bouquet harmonieux d’arômes et de goûts, où le fruit est complété et non interrompu par des notes d’épices et de chêne, le corps moyen et le niveau d’alcool sont délicatement combinés avec une acidité et des tanins supérieurs à la moyenne, indiquant que dans l’ensemble le vin est équilibré
Longueur – durée moyenne de l’arrière-goût
Intensité – intensité moyenne des arômes, mais les saveurs sont plus prononcées (intensité supérieure à la moyenne)
Complexité – il existe des notes primaires (fruitées) et secondaires (chêne et épices), les notes primaires étant dominantes et plus variées, bien que représentées par seulement deux groupes de fruits rouges et noirs – on peut dire que le vin présente une certaine complexité dans le profil organoleptique
Expression – Saperavi typique pour son style plus léger

Evaluation du potentiel de garde : vin de bonne qualité, harmonieux et agréable pour le moment. Je ne le reporterais pas à plus de 2-3 ans, parce qu’il n’a pas assez de structure ni de concentration pour vieillir longtemps, mais a plutôt un style frais et fruité.

Pour quelle occasion et pour quels plats : un vin simple mais agréable, qui convient tout à fait pour un pique-nique avec des brochettes et un steak grillé (bœuf ou agneau). Si on s’éloigne des classiques, alors steak de thon rouge ou viande blanche sauce au vin rouge. L’accord vin rouge-fromage le plus populaire est ici moins évident. Le camembert et le brie risquent de générer un goût amer en raison de la réaction des enzymes sur leur croûte et des tanins du vin rouge (cela s’applique également aux autres fromages à croûte lavée ou fleurie, surtout s’ils sont affinés). Les fromages à pâte dure au goût doux (Emmental, Gruyère ou jeune Comté) ne constituent pas non plus un accord idéal, mais néanmoins plus adaptés au vin rouge. Quant aux fromages frais de vache et de chèvre, ils peuvent être trop tendres et « disparaître » avec le goût du vin rouge.
J’ai essayé ce Saperavi avec un gigot d’agneau au four avec une sauce géorgienne aux noix Bazhe et khachapuri d’Imereti. Le résultat a été une combinaison tout à fait harmonieuse : le vin a résisté au goût spécifique de l’agneau et même à l’ail de la sauce.

Photos 1 et 2 : https://gruziapro.ru/kahetija-zhemchuzhina-gruzii/
Photo 3 : https://georgiaintrend.com/ru/tours/wine-weekend/

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